Défi d’avenir : continuer de construire la famille ESS

16/10/2017
Actualité
Une petite centaine d’acteurs de l’ESS ont planché sur leurs défis d’avenir lors du Hackathon de l’ESS organisé par la mutuelle Chorum. Le besoin de continuer à construire la maison commune s’y est largement exprimé.

Renforcer la visibilité de l’ESS et créer une adhésion populaire… La formule ne synthétise pas la globalité des perspectives ressorties du hackathon de l’ESS, le 3 octobre dernier à Paris1, mais elle évoque une tendance globale, une inspiration partagée par les participants de cette journée de brainstorming collectif.

Le combat des valeurs

C’est un jeune chef d’entreprise qui synthétise la tension existentielle de l’ESS. Arnaud Lenglet fait partie de la catégorie des startupers de l’innovation sociale. Il a créé Panda Guide, une entreprise qui cherche à développer un casque audio qui rende accessible le monde des objets connectés aux aveugles : « Nous devons rester centrés sur nos valeurs. Ce n’est pas parce qu’on ne trouve pas suffisamment de capitaux ou suffisamment rapidement, qu’on doit faire des compromis avec ce qu’on est. Nous sommes ESS ! C’est une fierté que l’on doit marteler, non pas avec orgueil, mais avec conviction, parce que c’est ça qui va générer l’intérêt. »

Le combat des valeurs est un des éléments pour que l’ESS continue d’exister selon nos interlocuteurs. « Nous devons faire en sorte que les gens se reconnaissent dans un projet. C’est pourquoi l’ESS a besoin de se redonner du sens régulièrement pour percuter la société », estime Eric Béasse, co-délégué général de Coorace, un réseau de 500 structures d’insertion. « Nous avons déjà relevé un défi, celui de la loi de 2014 et de la reconnaissance de l’ESS comme branche multi professionnelle » comme le souligne Antoine Cercey, DRH de l’Acséa, une association sanitaire et sociale normande. Désormais, l’œuvre de reconnaissance de cette autre économie est entre les mains de ses acteurs : « Nous devons nous rendre lisibles et visibles. Montrer ce que nous faisons et comment on le fait pour créer de l’adhésion, de l’envie car c’est à partir de là que l’ESS peut répondre aux besoins sociaux, fédérer, entraîner le mouvement », explique Antoine Détourné, directeur adjoint de Pas-de-Calais Active, fonds territorial du réseau France Active.

Mais attention de ne pas vendre de fausses promesses nous disent certains : « L’ESS a réussi son coup marketing en disant qu’on peut donner du sens à son travail en intégrant les structures de l’ESS. Maintenant il va falloir démontrer que travailler dans l’ESS permet le sens, mais aussi une qualité de vie au travail. Les indicateurs de santé au travail doivent nous inciter à rendre cohérent nos valeurs avec le travail réel des salariés qui œuvrent à l’objet social de leur association ou de leur entreprise », alerte Antoine Cercey.

La coopération comme outil fédérateur

La coopération est le moyen le plus sûr d’avancer pour les dizaines de milliers de petites structures de l’ESS, selon Eric Béasse. Il milite à dessein pour la consolidation des expériences de Pôles territoriaux de coopération économique : « les PTCE restent fragiles car ils n’ont pas encore trouvé leur modèle économique [Or] ce sont pour moi des formes de gouvernance territoriale qui redonnent l’occasion à des acteurs locaux de vivre à leur échelle l’expérience de la coopération. » Céline Poulet, déléguée nationale Personnes en situation de handicap à la Croix-Rouge Française abonde dans ce sens en appelant à une plus grande connexion entre les « petits » et les « plus gros » : « On ne coopère pas si bien que ça ensemble et donc on ne fait pas force commune (…). Aujourd’hui, l’ESS ce sont des organisations très structurées, mais aussi des startups. La question est la suivante : comment rester agile et souple pour, ensemble, monter des projets. » Cécile de Calan, fondatrice du cabinet conseil TransfaiRH résume ainsi cette problématique : « les métiers, les circuits de financement nous renvoient beaucoup trop à des logiques sectorielles qui nous divisent en tant qu’ESS au lieu de retravailler en permanence ce que nous avons en commun. »

Le retour des personnes

Ce manque de visibilité que notent nos interlocuteurs relève toutefois d’un paradoxe puisque « tout le monde a, dans sa vie, eu à faire à l’ESS », relève Aurélie Rossi, déléguée générale du Snaecso qui représente les employeurs de la branche des acteurs du lien social et familial. La communication est un levier important pour y remédier, mais un bout de la solution pourrait venir d’une mise à jour du « logiciel » de la participation dans les associations : « Pendant des années, nous avons cru, nous les professionnels, nous les « experts », que nous avions les solutions pour les personnes que l’on accompagnait, regrette Céline Poulet. Or les vraies solutions, c’est souvent ces personnes qui les ont. C’est pourquoi il faut être à l’écoute de leurs besoins, de leurs attentes, les aider aussi à formuler leur projet et être à leurs côté. Cheminer ensemble, être dans le co compagnonnage, c’est ça être dans la voie de l’ESS ». Aurélie Rossi, confirme « la fédération des Centres sociaux que nous représentons travaille sur le pouvoir d’agir des habitants. Le défi de l’ESS c’est bien de prendre en considération l’ensemble des individus et leur donner cette capacité d’agir. »

La question de la construction de la famille ESS ne pourrait donc se résoudre que dans l’action permanente : « L’ESS travail sur les enjeux de société. La société évolue donc le secteur doit évoluer. C’est une question perpétuelle que de savoir comment on reste innovant, comment on se perfectionne et s’adapte à ces évolutions », conclut Cécile de Calan.

  1. Un bilan des différents ateliers et solutions trouvées par les participants sera publié prochainement

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