L’Observatoire national de l’ESS (CNCRES) vient de publier une étude qui se penche sur la situation des cadres dans l’ESS. Réalisé en collaboration avec l’APEC, ce travail porte sur un échantillon de 1 000 salariés du secteur. L’étude révèle que les cadres femmes y sont plus nombreuses que dans le privé, qu’une part importante de cette catégorie de personnel sera en âge de partir en retraite d’ici 10 ans, et que les femmes cadres y sont moins rémunérées que les hommes à l’instar du privé. Décryptage.

16 % des salariés du privé sont cadres, un taux d’encadrement proche des entreprises du privé, soit 235 000 personnes. Parmi elles : 60 % travaillent dans des associations, 25 % dans des coopératives, 11 % dans les mutuelles et 4 % dans les fondations. L’ESS compte 47 % de cadres femmes contre 34 % dans le secteur privé. La population cadre hommes et femmes réunis est plus âgée que dans l’ensemble du secteur privé : 38 % des cadres ont 50 ans et plus, contre 24 % dans le privé. Ce qui signifie que » plus du tiers de l’encadrement de l’ESS devrait être renouvelé d’ici 10 ans ».

La formation continue prévaut, le statut cadre passe par la promotion et la mobilité

Avec un niveau de diplôme équivalent à celui de l’ensemble des cadres du privé, alors qu’ils sont plus âgés, 15 % des cadres de l’ESS sont titulaires d’un diplôme inférieur à Bac + 3, contre 20 % dans le privé. Les raisons de ce niveau supérieur, avancent les auteurs de l’étude, est le mode d’obtention des diplômes : 36 % des cadres de l’ESS ayant eu leur diplôme le plus élevé en formation continue, contre 24 % de cette catégorie de population dans le privé.

Côté cursus, l’étude constate, et c’est moins étonnant, que « les cadres de l’ESS sont davantage diplômés que l’ensemble des cadres en sciences humaines et sociales, en gestion comptabilité, en environnement-agronomie et dans les formations spécialisées en social, médical et culturel. En revanche, les diplômés (ées) en commercial et sciences et technologies et en informatique sont moins présents dans l’ESS. 65 % des cadres de l’ESS ont accédé à ce statut via une mobilité interne (principalement dans les mutuelles et les coopératives) ou externe dans les associations. « Alors que ce n’est le cas que de 52 % des cadres au global »

Singularité des métiers de cadres de l’ESS : finance, gestion et direction

S’il semble couler de source que les cadres de l’ESS travaillent majoritairement dans les services (avec une surreprésentation dans la santé et le social et la culture ainsi que dans les banques et assurances), il existe, indique l’étude, une singularité des métiers exercés dans l’ESS qui « révèle des écarts par rapport aux fonctions des cadres dans le privé ».

Les cadres de l’ESS, « pour plus d’un tiers, occupent des postes en gestion, finance et administration, deux fois plus que l’ensemble des cadres ». Ils sont aussi très présents dans les postes de direction d’entreprises (établissements) 6 % contre 3 dans le privé.

En revanche, dans l’ESS, on trouve peu (26 %) de cadres dans trois fonctions : commercial, marketing, et études RD, contrairement au privé qui en compte deux fois plus.

Rémunérations légèrement plus faibles mais des écarts des salaires entre hommes et femmes identique au privé

En 2011, le salaire annuel brut médian s’élevait à 46 keuros contre 48 keuros dans le privé. 80 % des salaires des cadres de l’ESS se situant dans une fourchette allant de 31 à 74 keuros, un écart plus resserré que dans le privé (33 à 80 keuros). Les cadres salariés des associations sont les moins bien rémunérés et ont des salaires plus resserrés que dans les coopératives ou dans les mutuelles.

En revanche, l’écart de salaires entre les hommes et les femmes cadres est le même que dans le privé : les hommes cadres ont un salaire supérieur de 21 %, tout secteur confondu. L’étude rappelle que dans l’ESS, 38 % des hommes occupent un poste à forte responsabilité (direction générale, d’établissement, direction de service ou de département, etc.), soit 11 points de plus que les femmes.

Satisfaction mesurée

Le degré de satisfaction des cadres de l’ESS s’élève à 70 % contre 67 % pour l’ensemble des cadres du secteur privé. L’intérêt du travail étant mis en avant. En revanche, en ce qui concerne le jugement des cadres de l’ESS sur leurs relations avec leur supérieur hiérarchique, on compte 68 % de satisfaits et seulement 38 % quant aux perspectives de carrière.

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Plus d’information en téléchargeant l’étude : « Les cadres de l’économie sociale et solidaire » sur le site du CNCRES :

www.cncres.org/