Sur le site de Mediapart, dans un article publié le 18 mars, le conseiller régional d’Europe écologie les verts (Rhône-Alpes) donne son avis sur l’évolution de la Banque publique d’investissements (BPI) et les entreprises solidaires en pointant le peu d’intérêt des financiers pour ce type de structures.

« François Hollande a déclaré, le 22 octobre 2012, dans ses « 10 engagements pour la croissance, l’emploi et la solidarité dans les territoires», que « les interventions… en faveur de l’économie sociale et solidaire [devaient] être pleinement prises en compte dans les soutiens que consacrera la Banque publique d’investissement dans ce secteur, pour lequel est prévue une enveloppe de 500 millions d’euros. La BPI vient d’être lancée à Dijon, le 22 février dernier, et pourtant, en tant que « porte-avion de la compétitivité française », elle risque bien de torpiller l’engagement du président de la République quant au soutien de l’ESS. Ségolène Royal a beau mettre en avant l’intérêt des coopératives en France à l’occasion de sa nomination comme première vice-présidente de la BPI, l’esprit de la coopération risque de peu souffler sur cette nouvelle Banque ».

En effet, « pour la plupart des personnes proches du dossier et sensibles aux entreprises solidaires, il ne fait pas de doute que les patrons de la BPI perçoivent mal, au regard de leur feuille de route, l’intérêt de l’économie sociale et solidaire. Trop petites, pas assez capitalisées, trop dispersées sur le territoire, ayant des besoins d’investissement trop modestes, les entreprises solidaires ne trouveraient pas leur place dans la BPI. Pour des raisons techniques autant que politiques, les entreprises de l’ESS n’auraient donc pas à solliciter la BPI mais plutôt leurs interlocuteurs habituels de la Caisse des Dépôts, comme cela s’est fait pour le Programme initiative d’avenir (PIA). Rappelons que ce programme, créé en 2011, est doté d’un budget de 100 millions d’euros ; en deux ans, 38 cofinanceurs territoriaux ont été sélectionnés et seulement 51 projets en ont bénéficié, pour un total de 24,5 millions. L’instruction de ce type de dossiers reste en effet très centralisée et les bénéficiaires sont plutôt des grosses structures de l’ESS, en capacité de mobiliser l’ingénierie requise pour répondre aux appels d’offre de ce type. »

« Cette réponse n’est pas à la hauteur des espoirs que les acteurs de l’ESS et les collectivités avaient vis-à-vis du volet ESS de la BPI. Renvoyer l’aide à l’investissement ESS vers les modalités classiques actuelles, de type Programme d’investissement d’avenir, risque de ne pas générer de dynamique nouvelle, ni dans la mise en réseau des entreprises solidaires autour d’investissements groupés, ni dans la mobilisation des collectivités locales. Il ne sera aucunement en mesure d’atteindre les objectifs financiers de 500 millions d’investissement dans l’ESS, visés par l’Etat, et ses impacts attendus en termes d’emploi et de valeur ajoutée sociale et économique. Ceci ne soutiendra sans doute pas les efforts engagés par ailleurs par le gouvernement autour de la future loi sur l’économie sociale et solidaire. »

« Les collectivités, et en particulier la Région Rhône-Alpes, ainsi que les réseaux de l’ESS, considèrent qu’il est absolument nécessaire de constituer un volet entreprises solidaires au sein de la BPI. Celui-ci doit être géré par la Banque publique d’investissement, en étroite relation avec le réseau de la Caisse des Dépôts et ses cofinanceurs territoriaux, et notamment le réseau France Active. Il doit être placé sous le pilotage des Comités d’orientation national et régionaux, associant notamment les élus régionaux en charge de l’ESS et des personnalités qualifiées issues de l’ESS. Ensemble, les acteurs pourront ainsi vraiment honorer l’engagement du président de la République de soutenir l’investissement des entreprises solidaires. »