Dix ans après sa création, le Mouvement des entrepreneurs sociaux s’engage dans une nouvelle dimension de son existence : fédérer l’ensemble des entreprise dites à impact et devenir « l’alternative écologique et sociale au Medef ».

« Nous voulons nous positionner progressivement au même niveau d’influence et de crédibilité que le Medef », l’ambition est affichée par Eva Sadoun, qui président le Mouves avec Jean Moreau depuis quelques mois. Les co-présidents se sont employés à transmettre leur volonté de faire bouger les lignes sur le rôle de l’entreprise dans notre société, lors de la présentation de la nouvelle identité de cette associations d’entreprise née il y a dix ans.

De la TPE au CAC 40

Dès lors, il ne faut plus dire le Mouves, mais le Mouvement Impact France. Le Mouves réunissait déjà les associations, coopératives, et des entreprises à capitaux  capitaux engagées dans une utilité sociale et respectant ce qui est aujourd’hui l’entreprise sociale de la Loi Hamon. Le Mouvement Impact France ambitionne, lui, de réunir toutes les entreprises qui se reconnaissent dans la promotion d’une économie sociale et écologique. Cela intègre autant les entreprises de l’ESS, ceux de la Tech for good (dont le mouvement fusionne avec le Mouves) que les entreprises à mission ou celles engagées dans une transition de leur modèle. On site déjà dans cet environnement des entreprises comme le Slip français ou Le Bon Coin.

Pour Jean Moreau, il est tout à fait envisageable de voir arriver, un jour, une entreprise comme Danone parmi les adhérents, ce géant du CAC 40 étant engagé à devenir une entreprise à mission au sens de la loi Pacte : « Nous ambitionnons, à terme de représenter un tiers de l’économie au lieu de 10 % comme aujourd’hui. Ca passera inévitablement par convaincre des grandes entreprises de nous rejoindre, dès lors qu’elles sont dans une démarche sincère ». Il ajoute :  » Nous avons dix à quinze ans d’avance sur d’autres qui ne se lancent que maintenant. Il nous faut garder la main sur des termes qui pourraient devenir galvaudés », prévient Jean Moreau.

Futur syndicat employeurs ?

Le Mouvement Impact France ambitionne donc de concurrencer le Medef dans l’incarnation d’un mouvement d’entreprise en phase avec les défis de son temps. Mais Eva Sadoun l’a énoncé aussi : « nous souhaitons porter, à terme, un syndicat employeurs (…) Il est très compliqué aujourd’hui d’arriver à la table très fermée du dialogue sociale, relève Eva Sadoun, nous voulons réunir l’ensemble des acteurs pour construire une représentation réellement plus forte de notre mouvement d’entreprise. » L’ambition du MIF se confronte toutefois, aujourd’hui, au rôle que porte l’Union des employeurs de l’ESS (Udes) qui fédère une grande partie des syndicats employeurs des branches de l’ESS. L’Udes, en tant que syndicat employeur multiprofessionnel représente les intérêts des entreprises de l’ESS dans de nombreuses enceintes du dialogue social. Jean Moreau précise : « Nous n’irons pas, à court terme, marcher sur les plates-bandes de nos partenaires et amis de l’Udes. Devenir syndicat employeur ne sera fera pas durant ce mandat de trois ans car nous ne sommes pas représentatifs aujourd’hui, nous n’avons ni le budget, ni les équipes. Mais nous préparons le terrain pour que les prochains présidents puissent porter ce projet ».

Bien que l’environnement du MIF soit plus large que celui de l’Udes, il y aura très à observer le dialogue qui pourra s’instaurer entre les deux organisations sur ce sujet.