En 2011et 2012, ainsi que les années précédentes, le budget pour le Programme européen d’aide alimentaire (PEAD) était de 500 millions d’euros. Il risque de diminuer car il est aujourd’hui contesté par de nombreux pays européens. La Commission a fait des propositions de réajustement. Les associations habilitées à distribuer l’aide alimentaire s’insurgent contre cette absence de solidarité.

Le dispositif d’aide aux plus démunis est aujourd’hui en sursis : après avoir été sauvé de justesse en 2011, l’avenir de ce programme, doté jusqu’à ce jour de plus de 500 millions d’euros, et qui bénéficie à 18 millions de personnes dans vingt pays d’Europe semble très incertain. En effet, le Programme d’aide alimentaire est aujourd’hui contesté par l’Allemagne, représentante de certains pays européens qui estiment que la Politique agricole commune n’a pas à financer la lutte contre la précarité, tels que le Danemark, les Pays-Bas, la République tchèque, le Royaume-Uni et la Suède. Ces derniers considèrent que cette aide aux plus démunis doit être financée par le Fonds social européen (FSE) et non par des excédants de denrées alimentaires, qui n’existent plus depuis plusieurs années. Ce qui change la donne et la raison d’être de ce fonds. Initialement, le fonctionnement du PEAD reposait sur le troc de matières premières issues des stocks de la politique agricole commune contre des denrées alimentaires.

« L’aide alimentaire : un premier pas vers le lien social »

En France, les associations habilitées à mettre en œuvre ce programme sont les Restos du Cœur, les Banques alimentaires, le Secours populaire et la Croix rouge. Si aucun nouveau programme n’est adopté par les chefs d’Etat et de gouvernement de l’UE, disent-elles « avant le 31 décembre 2012, notamment à l’occasion de la finalisation du budget européen […], l’aide alimentaire à l’échelon européen disparaîtra totalement et irrémédiablement », préviennent les quatre grandes associations françaises.

Le 24 octobre dernier, la Commission européenne « a suggéré de réserver 2,5 milliards d’euros, soit 357 millions d’euros par an, de son budget 2014/2020 pour le programme d’aide en faveur des personnes les plus démunies » sous la forme d’un Fonds européen d’aide aux plus démunis (FEAD) qui remplacerait le PEAD actuel. Les députés européens ont immédiatement salué la nouvelle de la création d’un tel Fonds, mais restent inquiets car il devrait être adopté à l’unanimité des 27 Etats membres, ce qui est loin d’être acquis.

Le sommet européen du 23 novembre consacré exclusivement au cadre financier pluriannuel inquiète les banques alimentaires et les associations et les propositions de la Commission ne les rassurent pas. Pour elles, le futur FEAD est un « fourre-tout sans cohérence ». L’aide alimentaire est le premier pas vers le lien social, soulignent les banques alimentaires. Elle permet aux bénéficiaires, aux travailleurs sociaux, aux bénévoles de se retrouver autour de l’alimentation, incontournable vecteur d’inclusion sociale.

La France défend le maintien du programme

La FAO (Organisation des Nations unies pour l’agriculture et l’alimentation) a de son côté, lancé le mardi 16 octobre, à Rome, la Journée mondiale de l’alimentation. Dans une interview accordée au journal « La Croix » à cette occasion, Stéphane Le Foll, ministre français de l’Agriculture, défend le maintien du programme européen d’aide aux plus démunis et annonce des initiatives pour lutter contre le gaspillage en France. Il déclare : « Ce que nous défendons avec les associations caritatives, c’est avant tout la nécessité de préserver un budget consacré uniquement aux aides alimentaires. Nous en avons vraiment besoin. Le continent européen a un problème croissant d’accès à l’alimentation. Nous avons dépassé la barre des 20 millions de personnes souffrant de la faim en Europe ! Les associations caritatives ne peuvent se retrouver en rupture de stocks alimentaires »[1].

Sources :

Proposition de Règlement du Parlement européen et du Conseil relatif au Fonds européen d’aide aux plus démunis (com /2012 / 617 final) (FR) :

rendez-vous vers eur-lex.europa.eu

Tonino Serafini pour Libération « Menacée par l’Europe, l’aide alimentaire crie famine », 16 octobre 2012 : rendez-vous vers www.liberation.fr

Louis Morice pour le Nouvel Observateur, « L’Europe sauve les banques mais refuserait d’aides les pauvres? », 15 octobre 2012 : rendez-vous vers tempsreel.nouvelobs.com

Questions à Hervé Gaymard en Commission des affaires sociales, le 29 juin 2011 : rendez-vous vers www.juanico.fr

Article sur le site internet La Mie de pain, « Le programme européen d’aide aux plus démunis (PEAD) menacé de disparition », 17 octobre 2012: rendez-vous vers www.miedepain.asso.fr

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[1] : Interview de Stéphane le Foll, Journal « La Croix », le 25 octobre 2012: rendez-vous vers www.la-croix.com