Un article de Libération du 4 novembre, qui fait l’ouverture du dossier que le quotidien a consacré à l’économie solidaire, décrypte les différences entre l’économie lucrative et l’ESS : « Deux visions de l’économie, deux visions du monde… Il y a peu, un quarteron de grands patrons s’affichait en Une du JDD pour réclamer, au nom des marges qu’on assassine : 60 milliards d’euros d’économies sur les dépenses publiques (autant en moins pour la collectivité) ; une baisse du coût du travail de 30 milliards d’euros, les leurs. La même semaine s’ouvrait sans bruit le mois de l’économie sociale et solidaire. Il y a une autre manière de voir l’économie : comme une activité au service de tous, de l’innovation et du progrès. « L’entraide, la coopération et la solidarité économique peuvent être des modèles de développement, rappelle Claude Alphandéry, président du Labo de l’ESS. « Et si suggère Libération, face à la crise et aux dérives du capitalisme financier, la porte de sortie était à chercher du côté de l’ESS. A l’heure où les finances publiques sont asséchées et où des vols de « Pigeons » obscurcissent les cieux politiques, celle-ci fait entendre une musique différente. Objectif lucratif limité,finalité sociale, ancrage territorial et gouvernance démocratique composent la partition ». « D’une économie, souligne Challenge.fr du 9 novembre, qui avec environ 2, 3 millions de salariés (10 % du PIB) est de plus en plus considérée comme l’une des réponses au chômage, « avec 3 millions de chômeurs – 6 millions si on englobe toutes les catégories – le modèle économique actuel ne peut pas résoudre le problème du chômage. Réinventer l’ESS, c’est la considérer comme une politique d’emploi comme les autres. Et elle peut être une stratégie de développement à l’international », plaide Razzy Hamadi, député PS, proche de Benoît Hamon, ministre délégué à l’Economie sociale et solidaire ».

D’ailleurs Le Monde du 30 octobre publie une interview du ministre où ce dernier s’exprime sur le programme emploi d’avenir [150 000 emplois en 2013 et 2014] : « Ce programme va reposer pour beaucoup sur la mobilisation de l’économie sociale et solidaire, notamment du monde associatif, à travers les grands réseaux nationaux dans le domaine du sanitaire et du social, le domaine sportif et les régies de quartiers ». Plus précisément, indique aussi le ministre : des conventions-cadres seront signées entre l’Etat et ces grands réseaux pour définir la nature de l’engagement pris. Dès novembre, les premiers contrats seront signés entre les employeurs et les jeunes, avec l’aide de l’Etat ». Mais au-delà des politiques de l’emploi contre le chômage, comment financer ce secteur et mieux le structurer ? Benoît Hamon souligne que « la Banque publique d’investissement (500 millions d’euros sont destinés à l’ESS) répondra aux projets des entreprises et structures de l’ESS, de la même manière qu’elle interviendra en direction des PME classiques. Le simple fait que demain les acteurs de l’ESS disposeront d’un interlocuteur en région avec la Banque publique d’investissement, il y aura un effet d’entraînement. Les prises de participations, les garanties, les prêts et les apports en fonds propres pourront ainsi dépasser les 500 millions d’euros. Ce n’est pas un budget, une cagnotte, un magot dans lequel puiserait d’abord le plus rapide, le plus pugnace. La BPI, c’est 40 milliards d’euros, la petite association qui veut créer une épicerie sociale, la maison de retraite qui veut doubler ses investissements dans du matériel médical de pointe, etc., avec un ticket qui sera pour l’un à 1 million, pour l’autre à 20 millions, la BPI est là pour ça ».