Mobil’emploi 29 est un atelier chantier d’insertion (ACI) qui a développé une activité de transport à la demande et de location de véhicules pour personnes en situation de précarité. Emmanuelle Paradis, cheffe de projet Prévention et santé au travail à Chorum, nous explique en quoi la démarche QVT de l’association est exemplaire.

Quel est le fait qui vous a marqué chez Mobil’emploi 29 ?

Mobil’Emploi est une structure dans laquelle travaillent des personnes très éloignées de l’emploi et pour lesquelles, le contrat d’insertion n’est qu’une étape d’un processus global de retour à l’emploi et de réinsertion sociale. Ils ne sont donc salariés de l’ACI que pour un temps limité. Et bien ces salariés sont tout de même intégrés au pilotage de la démarche de qualité de vie au travail au même titre que les salariés permanents (encadrants techniques, salariés des fonctions supports…)
Ce n’est pas si simple pour un salarié en insertion d’être dans une logique de retour à l’emploi et d’avoir suffisamment d’implication et de recul pour contribuer à la réflexion sur les conditions d’emploi et de travail. Chez Mobil’emploi, en tout cas, ils le font très bien avec une animation très dynamique et participative. Dès l’accueil dans la structure, les salariés sont informés de l’existence de cette instance, le renouvellement des représentants est régulier et les candidats sont accompagnés dans leur prise de fonction.

Cela donne quoi concrètement ?

Les salariés en insertion sont des chauffeurs. Ils ont pu travailler sur la modification des roulements, des horaires et des plannings. Autre exemple, ils élaboré collectivement un protocole en cas de « situation exceptionnelle ». Par exemple dans le cas où un chauffeur aurait bu de l’alcool. Le mode d’élaboration collective fait que le protocole n’est pas pris comme une sanction ou quelque chose de moralisateur. Il est lié à l’activité elle-même et la situation est assumé collectivement comme exceptionnelle et non souhaitable.

Est-ce un cas à part dans les ACI ?

Il y a quelques années la branche des ACI a constaté que les représentants du personnel ne représentaient que les encadrants et autres salariés permanents  car les salariés en insertion n’entraient pas dans le décompte du personnel, tout simplement. Ils ont donc conçu une instance spécifique, l’Instance santé et conditions de travail (ISCT) qui intégrait tout le monde. Aujourd’hui les conditions de représentation ont changé et les salariés en insertion sont associés au Comité social et économique (CSE) de l’entreprise. Mais l’expérience des ISCT continue d’imprégner les pratiques.
Cela relève autant d’un nouvelle dimension de l’accompagnement que d’une préoccupation de faire porter collectivement l’organisation et les conditions de travail par l’ensemble du collectif de travail.