Trois questions à M. Bénazet, directeur de deux structures oeuvrant dans le handicap dans des départements voisins en Midi-Pyrénées. Ces associations terminent ces jours ci un processus de mutualisation de trois ans qui se conclut par une fusion- absorption. Une mise en commun, qui les a déjà renforcées.

 

 

CIDES : Du 6 au 14 septembre, vous fêtez les 50 ans de l’ADAPEAI en Aveyron et de l’ADAPEI du Tarn-et-Garonne. Une longue histoire qui vous amène ce même jour à réaliser une fusion des deux associations. Pourquoi avez vous eu besoin de la faire ? 

 

De longue date, l’ADAPEI (Association départementale des amis et parents d’enfants inadaptés) de Tarn-et-Garonne avait besoin de renforcer son expertise, notamment en matière de gestion des ressources humaines et de finances. Comme l’association manquait de moyens, il avait alors été évoqué la possibilité de mutualiser des compétences avec l’ADAPEAI (Association départementale handicap mental accompagnement et éducation spécialisée) de l’Aveyron. L’association du Tarn-et-Garonne s’est tournée vers celle de l’Aveyron pour l’aider à mener à bien une réorganisation de sa gouvernance.

En septembre 2010, une convention de mise à disposition partielle des trois cadres dirigeants de l’ADAPEAI de l’Aveyron au bénéfice de l’ADAPEI du Tarn-et-Garonne, a été signée.  Une mise à disposition qui avait pour but d’établir concrètement : un diagnostic des mutualisations qui pouvaient être menées entre les deux associations en termes d’expertise et de soutien ; de mettre en place une direction générale intérimaire ; et de travailler de concert sur le terrain afin de vérifier la faisabilité du projet.   


 

CIDES : Quels ont été les premiers résultats de cette collaboration et comment ensuite avez-vous travaillé ?

Les avantages de cette collaboration sont rapidement apparus, tant sur le plan gestionnaire que sur le plan de l’action et de la solidarité familiale. Parmi les bienfaits, on peut notamment souligner que la mise en commun des ressources humaines et matérielles ainsi que des moyens d’action (siège social, mutualisation de certains services, des offres d’emploi…) a permis d’accroître des périmètres géographiques d’intervention et d’accueil des deux associations, etc.  Sur le plan associatif, ce type de collaboration, confirmant les parents dans leur rôle de responsables de la gestion, et préservant leur identité associative, a tout de suite rencontré un fort assentiment de la part des instances dirigeantes des deux structures.

Il a donc été décidé, à partir du 1er janvier 2011, de reconduire pour un an cette convention de mise à disposition en envisageant un rapprochement plus durable et plus structuré sur un mode juridique restant à définir. Après réflexion, et un travail avec l’ANAP (Agence nationale pour l’appui à la performance) et différents cabinets juridiques, la « fusion-absorption » fut reconnue comme étant le mode le mieux adapté au projet de rapprochement et présentant les meilleurs avantages économiques et fiscaux.

Cette fusion aura aussi pour avantages que nous devenions, conformément au plan régional de santé, un interlocuteur régional à forte représentativité auprès de l’Agence régionale de santé (ARS) Midi-Pyrénées et un interlocuteur départemental de plus grande importance encore auprès des délégations territoriales de l’ARS et des conseils généraux ; elle va permettre également d’accroître la diversité des réponses apportées aux besoins des usagers et de leurs familles, d’envisager les restructurations les plus pertinentes possibles dans le cadre des rationalisations financières et des mutualisations des moyens préconisées par les financeurs (montée en puissance des diverses expertises de gouvernance, etc.), et en valorisant l’efficience du coût des prestations.

Les projets associatifs respectifs des deux associations ont été retravaillés autour de missions, de valeurs et d’engagements communs. Ont été également revisité le volet social en concertation avec les instances représentatives du personnel, organisé le transfert des contrats de séjour des usagers, etc.

 

 

CIDES : Ce rapprochement ne comporte t-il pas des risques de perte d’identité pour chacune des associations ?

 

Les risques touchant à ce type d’opération, ils sont quasiment inexistants à la condition qu’une telle opération ait été menée dans le respect des particularités et des sensibilités des acteurs des deux associations qui se regroupent. C’est la face cachée du travail de rapprochement à opérer, mais c’est peut-être la part la plus importante pour que l’association accueillie ait réellement le sentiment de l’avoir été par l’association « accueillante » pour ne plus constituer, le temps aidant, qu’une seule et même entité associative.