Yannick Blanc, président de la Fonda répond ici à nos questions sur le livre qui vient d’être publié « La cause des associations », qui retrace trente ans d’histoire de la Fonda et sur les scénarios d’avenir qui se dessinent pour le secteur. Des projections qui seront  au centre des discussions de l’Université d’automne de la Fonda à la fin du mois de novembre.
 
 
En quoi la mise en perspective dans le livre, « La cause des associations » éclaire-t-elle l’avenir ? 
  
Lorsque j’ai pris la présidence de la Fonda en mars de l’année dernière, les fondateurs de l’association avaient le souci du renouvellement de la gouvernance. Nous avons pensé avec la déléguée générale, Charlotte Debray, qu’il fallait que ce renouvellement de gouvernance s’accompagne d’une transmission des acquis, de la mémoire des réalisations qu’avait menées cette équipe dirigeante depuis la création de l’association, il y a trente ans. C’était d’autant plus important à faire connaître que peu de personnes savent précisément ce qu’a fait la Fonda, qui a été soit à l’initiative, soit partenaire de toutes les innovations importantes qui ont concerné le monde associatif : les déductions fiscales, la création du Conseil national de la vie associative, de la Conférence permanente des coordinations associatives, la charte d’engagement réciproque entre l’Etat et les associations… « La cause des associations » met en perspective ces évolutions avec ce qu’est aujourd’hui notre projet stratégique. La Fonda a œuvré durant toutes ces années à la reconnaissance du rôle du fait associatif comme interlocuteur des pouvoirs publics, aujourd’hui, nous changeons d’angle et travaillons à la reconnaissance du fait associatif par la société civile. 

  
Un des grands scénarios d’avenir de l’université d’automne de la Fonda portera sur les alliances entre les associations, le privé et les collectivités publiques. Pour quelles raisons ? 
 
Nous avons choisi en 2009 d’orienter notre activité de laboratoire d’idées, en nous appuyant sur la méthode de la prospective. En 2011, lors de première université d’automne, notre réflexion a ainsi porté sur l’impact des transformations de la société sur les associations pour mieux s’y adapter. Deux ans après, nous essayons de franchir une étape, les mutations se sont accélérées, je pense aux enjeux écologiques, au débat énergétique, à la crise et aux réflexions qu’elle suscite autour d’un nouveau modèle économique, etc. L’université d’automne que nous préparons veut aider les associations à comprendre en quoi elles sont porteuses d’atouts et de leviers pour agir et peser sur la transformation de la société. On passe d’une prospective de la perception de l’environnement à une prospective de l’action. Le fil conducteur de l’université 2013 pourrait être que dans tous les secteurs de la société, entreprises, associations, public, les stratégies collaboratives sont en train de prendre le dessus. Elles sont au cœur même du modèle associatif. Ce n’est plus l’entreprise qui constitue un modèle d’organisation sociale, c’est le geste de s’associer et la recherche d’alliances pour entreprendre qui est en train de le devenir. Et pour agir, les associations doivent être elles aussi dans une stratégie de recherche d’alliances. L’université va s’appuyer sur la mise en valeur d’expériences, d’innovations réussies, de modalités d’alliances, de stratégies collaboratives… soit dans l’ESS, soit dans le domaine social ou culturel. Voici deux exemples précis où l’on observe ces phénomènes : le monde des associations culturelles est très orienté autour de la culture comme levier d’intégration ;  dans le monde de la jeunesse, on  essaie également de construire un projet cohérent entre la santé, le social, l’éducation, la culture, le marché de l’emploi et le logement. 
 
 
Comment les associations peuvent-elles agir en s’alliant ? 
 
On est à un moment bien particulier où chaque catégorie d’acteurs se sent relativement impuissante en restant dans son espace habituel. L’Etat et les collectivités locales sont à un tournant de leur existence en  termes de ressources financières. Les associations subissent directement cette baisse de financement public ; elles sont à la recherche de gains d’efficacité, d’économies et de diversifications de leur financement. Les entreprises, on ne le perçoit pas encore très bien, sont aussi dans une révolution culturelle. Elles sont beaucoup plus soucieuses qu’auparavant de leur insertion dans leur environnement écologique et social. On voit beaucoup de PME très profondément marquées par la responsabilité environnementale à la recherche de réponses à leurs problèmes de ressources humaines, de recrutement, de communication qu’elles n’ont pas les moyens de gérer seules. Elles cherchent à mutualiser des savoir faire. Ce qui se traduit par des partenariats dans le domaine de la formation professionnelle, la GPEC, la présence de chefs d’entreprise dans des associations de comités de bassin d’emploi… Les recherches d’alliances existent entre tous ces acteurs, ce qui offre une opportunité formidable à toutes les associations d’accroître leur capacité d’effet de levier dans la société. Lors de l’université d’automne, ce sont ces phénomènes émergents que l’on va essayer de mettre en valeur.